Hubert Bost est historien, directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études – Université PSL, où il occupe la chaire « Protestantismes et culture dans l’Europe moderne, xvie-xviiie siècles ». Il a consacré plusieurs livres à Pierre Bayle et participé à l’édition de sa Correspondance.
Heure de début | 17:30 |
Localisation | Campus universitaire, bâtiment Lettres, Langues, Sciences Humaines et Sports / Amphi III |
Trois affaires retentissantes impliquant des protestants ont éclaté en 1761-1762 dans le ressort du Parlement de Toulouse : l’arrestation et l’exécution du pasteur Rochette, accusé d’avoir tenu des assemblées religieuses interdites ; le procès de Jean Calas, accusé d’avoir tué son fils Marc-Antoine pour des raisons confessionnelles, et condamné à la roue ; et celui, par contumace, de Pierre-Paul Sirven, chargé du même crime suite à la mort de sa fille Elisabeth.
Depuis Lausanne, le jeune Court de Gébelin décide d’alerter l’opinion en écrivant Les Toulousaines, sous forme de trente lettres fictives envoyées par un témoin de ces procès et des condamnations auxquelles ils ont abouti.
Le récit des affaires s’entrelace avec trois autres motifs : un procès historique en fanatisme instruit contre la ville et le Parlement de Toulouse, présentés comme un foyer d’inquisition ; une apologie religieuse du calvinisme, combinée avec différents éléments de controverse confessionnelle anti-catholique ; et une défense du protestantisme au plan politique et philosophique, où Montesquieu est présenté comme un allié.
Les Toulousaines de Court de Gébelin sont une sorte de Traité sur la tolérance… mais ce livre va connaître le malheur de paraître en 1763 au même moment que celui de Voltaire : le patriarche de Ferney souhaite être seul à défendre la mémoire de Jean Calas. Mais même si ce texte a connu 260 ans de quasi oubli, il mérite d’être redécouvert parce qu’il fait entendre une voix singulière dans le concert des Lumières.