Sarah Nechtschein, docteure en sociologie, spécialiste de l'histoire et de la sociologie des parfums.
| Heure de début | 17:30 |
| Localisation | Campus universitaire, bâtiment Lettres, Langues, Sciences Humaines et Sports / Amphi III |
La notion de mythe peut être richement abordée à travers le cas de la conception de parfums. Il s’agit d’un terrain très riche pour penser les rapports entre technique et imaginaire, et nous affranchir d’un pli essentiel de la pensée occidentale selon Jean-Pierre Vernant, à savoir la séparation entre intelligence et pratique.
Les fresques naïvement progressistes de l’histoire des techniques opposent en général une tradition faite d’imitation et de répétition à une modernité qui aurait libéré la créativité. À cette opposition binaire, nous pourrions confronter trois mythes qui correspondent à trois configurations socio-techniques cohérentes et à trois formes de créativité dans la riche histoire de la parfumerie : Mètis, Hermès et le Démiurge.
Cette typologie s’avère également utile pour penser la création de parfums à l’aune de la crise écologique actuelle. En effet, l’essor de la pétrochimie a consacré au XXe siècle l’hégémonie de la créativité démiurgique. Mais les deux autres types de créativités restent aujourd’hui bien vivantes. À condition d’en penser les implications matérielles et sociales, ces imaginaires alternatifs pourraient constituer des leviers importants dans une transition du secteur vers une parfumerie décarbonée qui retrouverait un rapport direct avec la richesse des matériaux naturels.
