Fabia Guillén, Hispaniste et historienne médiéviste, UPPA
| Heure de début | 17:30 |
| Localisation | Campus universitaire, bâtiment Lettres, Langues, Sciences Humaines et Sports / Amphi III |
À l’encontre des croyances propagées par les économistes et les historiens de l’économie qui affirment que les fondements de la discipline ont été posés et formulés de façon purement rationnelle au Siècle des Lumières tandis que refluaient les superstitions et l’obscurantisme religieux, il y a tout lieu de recourir à l’histoire notamment de longue durée et de forme généalogique pour déchiffrer l' »affinité » soulignée par Walter Benjamin entre l’économique et le religieux, et qui a permis aux formes économiques qui nous dominent aujourd’hui de proliférer en symbiotes sur le christianisme catholique bien avant que protestant – révérence gardée à Max Weber.
En effet, et nous l’observerons dans cette conférence, le raisonnement économique est pour une très large part, un produit de la rationalité scolastique qui s’épanouit au XIIIème siècle et les principaux dogmes de la théologie économique contemporaine s’y enracinent. Le déni des origines de la pensée économique se manifeste par l’indifférence de la discipline à l’égard de réflexions aussi marquantes – et paradoxales – que celles des théologiens franciscains et dominicains du XIIIème siècles (Pierre de Jean Olivi et Thomas d’Aquin par exemple) ou des Jésuites du XVIIème siècle (Luis de Molina, Tomás de Mercado ou Léonard Lessius). Ancêtres gênants dont la seule existence révèle que l’origine ancienne de la discipline économique bien avant qu’elle ne s’émancipe de l’éthique se présente comme un questionnement, une réflexion profonde et bien souvent remarquablement technique qui entretient quelque relation avec Dieu et ses commandements.
Dans leurs descriptions de sujets actifs au sein de communautés politiques organisées nouant des relations économiques et financières au travers de contrats juridiquement qualifiés, les penseurs médiévaux énonçaient clairement les conditions de possibilités institutionnelles et morales de l’échange économique ; productif, marchand ou financier. Conditions que la tradition néoclassique tend à occulter et la néo-libérale à refouler et qu’ensemble nous tâcherons de retrouver.
